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Marchés financiers : que retenir du premier semestre de l'année 2024 ? 

Au premier semestre, les marchés financiers ont été marqués par la désinflation, la politique monétaire des banques centrales et les incertitudes politiques dues à de nombreuses échéances électorales. Le marché des actions mondiales a progressé grâce à la résilience de l’économie américaine et des pays émergents. Dans cet environnement économique et financier, diversifier son patrimoine permet de le rendre plus performant et de réduire l’impact de la volatilité.

Jean-Patrice Prudhomme, Directeur Produits et Solutions chez Milleis Banque Privée, répond à nos questions sur le bilan de ce premier semestre 2024 et détaille son approche pour le reste de l'année.

Quel bilan peut-on faire des marchés au premier semestre ?

Le premier semestre se termine sur une note positive pour les actions mondiales, en hausse de 10,3% pour les actions libellées en dollars et 13,6% pour les actions libellées en euros. Ces dernières ont été soutenues par la résilience de l’économie mondiale et des résultats d’entreprises en moyenne plus élevés que prévu.

Les actions bénéficient des perspectives de baisse des taux directeurs des banques centrales, l’inflation ayant décru depuis le pic atteint en 2022.

Le secteur technologique continue de dominer les performances grâce à l'essor de l’intelligence artificielle. Cela profite notamment aux puces destinées aux centres de données de l'entreprise Nvidia, qui poursuit son ascension en publiant des résultats records. L’indice boursier S&P 500, exposé à environ 30% au secteur technologique, a bénéficié de cet engouement et a progressé de 14,5% pour les actions libellées en dollars et 17,9% pour les actions libellées en euros.

Malgré un bon début d’année, le CAC 40 est en baisse de 0,8% au premier semestre, en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron après les élections européennes. Les valeurs françaises sont pénalisées par l’incertitude politique engendrée par les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024.

Comment ont évolué l’inflation et les taux d’intérêt ?

L’inflation aux États-Unis est passée d’un pic de 9,2% en juin 2022 à 3,3% en juin 2024. Il en va de même pour la zone euro, dont le taux d’inflation est passé de 10,6% en octobre 2022 à 2,5% en juin de cette année.

Cependant, l’inflation stagne depuis plusieurs mois au-dessus de l’objectif de 2% des banques centrales. La consommation reste résiliente aux États-Unis, tirée par un marché de l’emploi dynamique. Le Fonds monétaire international a de nouveau révisé à la hausse sa prévision de croissance américaine, de 2,1% à 2,6%, et mondiale, de 3,1% à 3,2% pour 2024. Cela a amené la Réserve fédérale américaine (Fed) à repousser la première baisse des taux au second semestre de l'année 2024 et à maintenir ses taux d’intérêt élevés plus longtemps. Le consensus des économistes s’attend désormais à deux baisses de 0,25% des taux directeurs de la Fed pour 2024.

Confrontée à une activité moins dynamique, bien qu’en amélioration, la Banque centrale européenne (BCE) a amorcé son processus de baisse des taux directeurs. Néanmoins, la première baisse de 0,25% n’a eu lieu qu’en juin 2024, amenant le taux directeur à 3,75% contre 4,0% précédemment. La BCE indique rester dépendante des données économiques pour les prochaines baisses.

Les niveaux de taux d’intérêt créent des opportunités pour les placements obligataires. Le marché obligataire reste volatil et affiche des performances contrastées depuis le début de l’année. L’annonce des banques centrales de retarder la première baisse des taux directeurs a entraîné une hausse des taux longs, pesant sur la performance des indices souverains. Seules les obligations d’entreprises à haut rendement affichent une performance positive au premier semestre, avec un rendement de la classe d’actifs d’environ 6,40% en zone euro.

Quel est l’impact de la dissolution de l’Assemblée nationale sur les marchés français et européens ?

Les marchés français ont été impactés par la perspective de dégradation des finances publiques à un moment où l’endettement est déjà au plus haut, à 110,6% du produit intérieur brut.

La dette publique française est détenue à 52% par des investisseurs étrangers qui pourraient décider d’alléger leurs positions.

Ce contexte a entraîné une hausse de l’OAT à 10 ans à 3,2%, amenant l’écart de rendement entre l’Allemagne et la France de 0,50% à plus de 0,80%.

Dans ce contexte, quelle est votre approche pour optimiser son patrimoine ?

Notre stratégie, dans le respect de chaque orientation de gestion, est de privilégier la diversification du patrimoine entre les grandes classes d’actifs.

Au sein des actions, nous préconisons une grande diversification géographique entre les actions européennes, américaines et émergentes. Cela peut permettre d’atténuer la volatilité engendrée par les tensions géopolitiques. Une diversification thématique est également à considérer au sein des actions afin de saisir les tendances d’avenir telles que l’intelligence artificielle et la transition énergétique.

Les rendements de certains actifs obligataires restent attractifs : les obligations d’entreprises bien notées offrent un rendement moyen de 3,8%, soit un niveau désormais supérieur à l’inflation. Le fonds en euros peut habilement remplacer les obligations dans un contrat d’assurance-vie en bénéficiant de la hausse des taux d’intérêt. Le boost actuel sur les nouveaux apports rend le fonds en euros très attractif.

Parmi les actifs non cotés, le Private Equity peut permettre de limiter la volatilité et de valoriser son patrimoine sur le long terme en investissant dans des entreprises en forte croissance.

Les SCPI offrent un rendement régulier lié à la distribution des loyers perçus et présentent des opportunités cette année, à condition de sélectionner des SCPI diversifiées ou positionnées sur des secteurs attractifs comme la santé ou la logistique. Cela permet d’investir dans des actifs immobiliers non accessibles via un investissement en direct.

Il peut également être pertinent de détenir une réserve de liquidités sous forme de placements monétaires et court terme bien rémunérés, en attendant de saisir des opportunités d’investissement à moyen et long terme.


Sources : Insee, FMI, IBES.

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Cette page a été publiée le 19/07/2024